(Trotteuses et Vertiges)
Le monde ne tourne pas comme une horloge Il se cabre, il piaffe, il hennit, Il a les yeux grands ouverts et rougis Hé dis moi toi, tu l’entends son tumulte ? Ou toi aussi tes tympans font les morts.
Avec tes mains d’étrangleur de merveilles je sais que tu as peur du temps De patauger dans ta propre chair, Regarder ta montre et te dire : C’est le présent déjà ? Le présent déjà passé Le passé toujours en retard Et le futur toujours absent.
Un point massif de suspension,
Un point qui s’interroge
Le monde ne tourne pas comme une horloge.
Et ces idées qui tournent et tournent dans la tête Une vraie centrifugeuse la tête ! Du genre À vous distiller l’essence même de l’émotion de l’âme, Et à vous la balancer contre les parois du crâne Et ça rebondit là-dedans, comme à la foire Un vrai lance-migraine le craquement du chêne, quand le brasier le prend, et le ronge Le monde, ne tourne pas comme une horloge
Et nous voilà mes chers autrui, dans l’air du temps Nos racines s’envolent Et on se balade là, dans un ciel nouveau, à la mode Comme des rossignols aux ailes de Titans
Alors imagine un peu l’effet papillon... Mais non On reste là, les mains collées contre le miroir des vitrines À respirer notre propre buée, boire notre propre humeur Sans même parvenir à nous nourrir de nous-mêmes
Alors qu’il y a au-dessus de toi petit crâne
Une telle fenêtre, une telle échappatoire, un tel courant d’air
de millions, de milliards d’étoiles
C’est quand même con !
Et puis, c’est quand qu’on y va dis,
Pour s’échapper d’ici,
Pour enfin tout connaître
Se soulever pour plonger
La vie n’est que peut-être
Dans le ciel grand ouvert
Redevenir petit enfant Le cœur gonflé, le cœur géant, Comme un soufflet de forge Et que le poing du monde Écrase enfin l’horloge
Album La Nuit
Auteur-compositeur : Samuel Covel