Des diadèmes de plombs lui pendent des chaussures,
Daphnée
Reine parmi les reines
Où toutes les princesses se consument de haine
ou bien de jalousie
Quand à travers ses tresses ses yeux noirs de rubis
Me percutent et me percent
Daphnée, entre les voiles brunes d’un grand lit à haubans les courbes de la lune Dessinent sur ton corps des îles et des décors Des brumes et des torrents La crinière en furie des lionnes d’Andromède
Daphnée, de gros nuages lourds montent
dans un ciel noir
L’orage qui s’annonce est des plus gigantesques
Accroche-toi au mât comme au cul des calèches
Qui circulent la nuit entre les plis des draps
Daphnée, dans ce lit de noyade où même les naïades
n’osent pas s’embarquer
Je te ferai monter d’un geste abominable
Comme sur le billot où vont les suppliciés tes lèvres
sur mon cou
Passent comme une lame
Daphnée, je sens tes mains qui montent à l’heure
des marées Comme des foules d’orques du fond de l’océan Viennent s’égratigner au corail de mes flancs Me flattent de leurs palmes et de leurs mains mouillées
Daphnée, c’est le feu de Saint-Elme qui hurle, comme un loup de mer Un courant électrique me coule dans le sang Vient s’échouer au bout de harpon de ma trique Un navire ventru qui tend son cou de fer
Daphnée, cambre-toi si tu peux aux parois de la chambre Toutes voiles dehors, toute nue et cinglée Nous cinglerons ensemble vers des soleils couchés Dans les odeurs de suif, de fumée, et de chanvre
Daphnée, au beau milieu enfin la mort, en cale sèche S’écroule sur la plage à force de nager C’est là, au beau milieu des vagues et du varech Que les marins perdus viennent pour se noyer
EP Mue Imaginale
Auteur-compositeur : Samuel Covel